Et aujourd’hui je sais ne plus avoir de mémoire
Mais ce n’est guère tout de ce que vous m’avez pris
Il est vrai qu’ici toute chose possède son prix,
Ainsi en est-il même de mon âme, chue dans des ténèbres noires
Mon être se morfond rageusement, sous silence
Se dépare peu à peu, mais sûrement, de son innocence
Et celui que je vois dans vos innombrables miroirs
Est le fruit gâté par les secrets de vos tiroirs
Je suis un fantôme au regard de brume
Le brouillard, désormais, de mes pensées l’essence
Je suis une chimère de l’encre de ma plume
Créature définie par une permanente absence
Je ne suis plus ce que je fus et je le dois à vous
À votre logique, votre ultime indifférence
À votre intelligence, votre sécheresse de sens
Mais je réclame ma bêtise, comme le ferait un fou
Très chers, si les chimères n’existent, ne puis-je en décider ?
Votre liberté de pensée, préviendrait-elle donc de rêver ?